Rapport Financier Semestriel au 30 Juin 2020

1.2 Environnement macro-économique

Chapitre 1. Rapport semestriel d’activité

1.2 Environnement macro-économique

1.2 ENVIRONNEMENT MACRO-ÉCONOMIQUE

Le second trimestre 2020 a vu la plus forte baisse du PIB jamais enregistrée sur cette période. Cette impressionnante contraction, de - 10 à - 20 %, par rapport au même trimestre de l’année précédente, est naturellement la conséquence de la décision des politiques d’arrêter volontairement l’activité économique, pour contrôler la pandémie mondiale de Covid-19. Cette contraction est inédite par son importance mais aussi par sa nature volontaire. L’importance de la baisse de PIB dépend essentiellement du confinement, dont les modalités et la durée ont été différentes selon les pays.

L’Europe est la plus touchée par la crise sanitaire, en raison des conditions de confinement souvent dures ; la baisse du PIB du second trimestre s’étendrait de - 12,8 % pour l’Allemagne (avec une prévision de - 6,3 % pour l’année 2020) à - 23 % pour la France ( - 9 % prévus pour l’année 2020).

La Grande Bretagne a subi un contexte sanitaire comparable, après une période de déni. Le stress du Brexit se rajoute au stress sanitaire. Le PIB devrait chuter de – 15 % au second trimestre, et de – 8 % pour l’année 2020.

Le Japon limite la contraction de son PIB (- 5 %) grâce notamment à sa dépendance de la Chine, dont le PIB devrait progresser de 1 % en 2020.

Les marchés de matières premières, après avoir subi un choc considérable en mars, se sont redressés, ce qui permet d’envisager un avenir moins dégradé pour les pays producteurs, souvent émergents, comme le Brésil (sa baisse du PIB en 2020 serait néanmoins de - 8 %).

L’arrêt volontaire d’activité n’est pas une récession. Les conditions de réouverture des économies et de psychologie de ses acteurs (ménages et entreprises) seront essentielles pour que l’arrêt d’activité ne soit pas suivi par une récession au second semestre. La proactivité et le volontarisme des autorités monétaires et politiques devrait limiter ce risque.

(Toutes données calculées par rapport à la même période de l’année précédente. Source : FACSTET, ou FMI selon indications données dans le commentaire.)

Aux USA, la situation économique s’est dégradée et demeure très incertaine. Le marché de l’emploi a été particulièrement réactif, comme d’habitude, à la dégradation de la conjoncture économique. L’économie américaine, malgré les mesures prises par le gouvernement pour limiter l’impact de la crise sanitaire, a détruit en 3 mois plus de 21 millions d’emplois privés, soit autant d’emplois qu’elle en a créé en 20 ans (l’économie américaine employait 132 millions de salariés dans le secteur privé en 2001 et 152 millions juste avant la crise sanitaire). La situation s’est d’ores et déjà retournée à la suite des mesures de déconfinement prises très tôt dans certains états : les créations d’emplois ont atteint 2,7 millionsen mai et 4,8 millions en juin (environ un tiers des emplois détruits ont été recréés en deux mois). Certains indicateurs montrent une vigoureuse reprise, mais les effets d’optique sont nombreux. Les indicateurs avancés comme l’ISM Services (revenu au niveau d’avant la crise) ou la confiance du consommateur (gain de 12,4 points en mai-juin après une chute de 46,9 points en mars⋆avril) ont repris une bonne partie du terrain perdu. La situation sur le front sanitaire demeure néanmoins difficile, et à l’entame du troisième trimestre, l’épidémie aux USA semble hors de contrôle, en raison de mesures jugées inefficaces et tardives dans certains États, comtés ou villes. Les mesures prises par la Banque Centrale ont permis d’éviter une crise financière. En quelques semaines, les circuits de financement se sont rouverts, et les entreprises ont réussi à se financer malgré un risque de défaut qui habituellement limite l’appétit des investisseurs pour la dette d’entreprise. Malgré toutes les mesures prises par le gouvernement, qui vont se traduire par une forte hausse du déficit, déficit qui devrait atteindre entre 15 et 20 % du PIB en 2020, la baisse du PIB devrait être de - 8 % en 2020 selon le FMI, particulièrement concentrée au second trimestre  - 11,9 % selon le consensus des économistes de Factset). L’incertitude demeure importante pour le troisième trimestre.

L’économie de la zone euro repart lentement, après un confinement sévère dans les pays du Sud. La zone euro a été touchée par la crise sanitaire avant les USA, et les conditions de confinement y ont été plus dures, notamment pour les pays du Sud (Italie, France, Espagne). Ces éléments expliquent pourquoi la baisse d’activité est plus importante en Europe : la contraction du PIB pourrait être supérieure à 10 % selon le FMI. Les gouvernements nationaux et la BCE ont déployé des dispositifs de soutien à l’activité, portant sur des montants considérables, comme aux USA. Ces mesures de soutien devraient être complétées par des mesures de relance au niveau européen, pour un montant total de 750 milliards d’euros. La chute du PIB est inédite au second trimestre : les économistes du consensus Factset prévoient des baisses de PIB de - 12,8 % pour l’Allemagne, de - 23 % pour la France, de - 17,2 % pour l’Italie, - 19,1 % pour l’Espagne… L’Allemagne est de loin le pays le moins touché, probablement parce qu’il a consenti le plus gros effort de soutien à son économie. La crise sanitaire accroît les écarts de performance économique existants.

En Grande Bretagne, le scénario est proche. Le PIB britannique, toujours très dépendant de la conjoncture européenne et confronté au même confinement après une courte période de déni, est lui aussi très affecté dans ce contexte, auquel il faut rajouter l’incertitude toujours forte, relative aux conditions du Brexit. Comme partout dans le monde, c’est bien au second trimestre que la contraction sera la plus importante, de - 15 % selon le consensus Factset. La baisse du PIB sur l’année 2020 devrait atteindre - 8,5 %, alors que le FMI craint une contraction de - 10,2 %.