Document d'enregistrement universel 2022

5.1 Introduction

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5.1 Introduction

5.1 INTRODUCTION 

En 2022, l’économie mondiale a cru de 2,8%, soit un retour à la normale après un rebond de 6,8% en 2021 et une chute de -3,7% en 2020. La croissance économique de l’année 2022 résulte de la combinaison de plusieurs effets. Tout d’abord, le rattrapage conjoncturel lié à la fin des mesures de restriction sanitaire a été encore marqué dans les pays développés, notamment en Europe, alors qu’en Chine le phénomène inverse a été observé, en raison de la mise en place de la politique « zéro Covid ». Ensuite, la confirmation de la hausse des prix notamment énergétiques et alimentaires, amplifiée par la crise ukrainienne, a affecté directement le pouvoir d’achat des ménages. Les mesures de soutien à la consommation décidées notamment en Europe ont permis de compenser une bonne partie des effets de l’inflation sur la croissance. Enfin, les politiques monétaires, devenues restrictives, ont induit de fortes hausses de taux règlementés et de marché, qui ont commencé à freiner l’activité à la fin de l’année 2022. Par ailleurs, la situation globale du marché du travail demeure bonne voire très bonne, avec la confirmation de pénuries sur de nombreux profils, qui alimentent les hausses de salaire et pénalisent l’activité. Cette croissance mondiale plus conforme aux moyennes de long terme, recouvre des situations différentes selon les zones géographiques. Avec une croissance de 3,2%, la zone euro réalise une performance économique supérieure à celle des États-Unis (+1,9%), croissance réduite par la baisse des dépenses publiques et la hausse des taux, et de la Chine (+3%), affectée par la politique « zéro Covid ». La forte reprise du secteur du tourisme enfin libéré des contraintes sanitaires, a favorisé la croissance des pays du Sud de l’Europe (Italie : +3,8%, Espagne : +4,6%), alors que l’Allemagne (+1,8%) a souffert de son ancrage industriel et de sa dépendance au gaz russe et aux pays d’Europe centrale. La France occupe une position intermédiaire (+2,5%). Le PIB de la Grande Bretagne a progressé de 4,3% en partie en raison d’un effet de « rattrapage Covid » plus marqué, et de l’augmentation de son déficit public, à rebours des autres grands pays développés.

Aux États-Unis, la croissance du PIB a été négative aux premier et second trimestres (-1,6% et -0,6%), avant de rebondir au troisième trimestre (+3,2%). Sur l’ensemble de l’année, le PIB devrait progresser de 1,9%, après le rebond de +5,9% en 2021. En récession « technique » (deux baisses consécutives du PIB en rythme trimestriel annualisé) au premier semestre, essentiellement en raison de l’effet sur l’activité des variants du Covid, et des problèmes de chaîne logistique, l’économie américaine a repris sa progression au second semestre malgré le changement majeur de politique monétaire de la Banque Centrale. En effet, confrontée à une montée en puissance de l’inflation considérée initialement comme transitoire, la Fed a décidé d’augmenter très rapidement et très sensiblement ses taux directeurs. Du 16 mars au 26 décembre 2022, ils sont passés de 0,25 à 4,5% en 7 hausses, ce qui ne s’est jamais vu depuis 40 ans. En parallèle, l’inflation (indice PCE, Personal Consumption Expenditures) qui atteignait 6,8% en mars, a culminé à 7% en juin avant de baisser à 5,5% en novembre 2022. Malgré la hausse des prix et des taux d’intérêt, la consommation des ménages, qui demeure de loin la première composante du PIB des USA, devrait progresser de 2,7% en 2022, soit près de 1% au-dessus de la croissance du PIB : le consommateur américain continue de piocher dans son épargne et à s’endetter. Les dépenses publiques ont diminué de 0,9% en 2022, ce qui a contribué au ralentissement économique général ; le déficit public est ainsi passé de 12,3% en 2021 à 5,5 % en 2022. L’investissement des entreprises a progressé de 3,8%, et le taux de chômage est resté particulièrement bas. En revanche, l’investissement des ménages en immobilier résidentiel a baissé de 9,8%, essentiellement à partir du troisième trimestre, en raison de la conjonction de la hausse des taux de financement avec le fort renchérissement des coûts des matériaux de construction. La contribution du commerce extérieur est restée négative, avec une hausse plus rapide des importations que des exportations.

En zone euro, le PIB a progressé de 3,2%. Il a bénéficié d’un rattrapage post Covid plus important qu’aux Etats-Unis, et de l’atténuation des problèmes de chaîne logistique et des pénuries. Le profil de la croissance s’est néanmoins régulièrement et significativement dégradé au fil des trimestres. Le marché du travail est resté dynamique, et le taux de chômage, très bas, signe d’une économie globalement bien portante. Au niveau de la zone, c’est la consommation des ménages, en relation avec le quasi plein emploi, qui explique la bonne performance annuelle : +3,9%, alors que les dépenses publiques ont progressé de 0,9% seulement : le déficit public exprimé en % du PIB a baissé de -5,1% en 2021 à -3,8% en 2022. L’investissement des entreprises a progressé en ligne avec le PIB, alors que la contribution du commerce extérieur s’est fortement dégradée en raison de la forte hausse des cours de l’énergie : en fort excédent de 2,3% du PIB en 2021, la balance des paiements de la zone euro est désormais en déficit de -0,5% en 2022. Comme aux États-Unis, mais à partir du mois d’août, la BCE a décidé d’augmenter ses taux directeurs de 0% à 2,5% fin décembre 2022, en raison de la persistance de l’inflation (10,6% fin octobre, 9,2% fin décembre, et 6,9% fin décembre pour l’indice hors composantes volatiles de l’indice). Par pays, la performance économique de l’Allemagne(+1,8%) a été inférieure à la moyenne de la zone, en raison de son exposition plus importante aux prix de l’énergie et aux exportations vers la <span style="font-family: GothamNarrow-Bold;"> Chine et vers l’Europe centrale et la Russie. Le PIB de la France (+2,5%) a crû davantage en raison d’un soutien plus important des dépenses publiques et d’une moindre exposition aux exportations. C’est l’ Italie (+3,8%) et surtout l’ Espagne (+4,6%) qui ont bénéficié des meilleurs chiffres de croissance en 2022, essentiellement en raison de leur exposition plus importante aux recettes de tourisme et donc d’un effet de réouverture des économies post-Covid plus important.